Page:Sade - Dorci, ou la Bizarrerie du sort, 1881.djvu/48

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son anéantissement, s’était réfugiée dans un coin, pleine d’effroi ;… un protecteur ! ma mère, entendez-vous ? ce monsieur dit qu’il nous protégera ; il dit que c’est le Ciel que nous avons tant prié, ma mère… il dit que c’est le Ciel qui l’envoie près de nous pour nous protéger… » Et, revenant à Paul : « Ah ! monsieur, quelle belle action, si vous nous secourez. Il n’exista jamais sur la terre deux créatures plus à plaindre. Secourez-nous, monsieur !… secourez-nous !… cette pauvre et digne femme !… elle n’a pas mangé depuis trois jours… et que mangerait-elle ?… de quoi la soulagerais-je, quand son état lui permettrait-il de l’être ?… Il n’y a pas un morceau de pain dans la maison… Tout le monde nous abandonne… On va sans doute nous faire mourir nous-mêmes, et cependant Dieu sait si nous sommes coupables… Hélas ! mon pauvre père… le plus honnête et le plus malheureux des hommes !… il n’est pas plus coupable que nous, et, demain, peut-