affreux, nous en convenons, mais il fut fait, et ici
l’on doit se rappeler que le connétable, entendant
l’ordre d’éteindre les flambeaux de ses valets, crut
reconnaître, comme auteur de cet ordre, le duc
d’Orléans, à tel point qu’il le pria de cesser une
plaisanterie qui ne convenait ni à l’un ni à
l’autre. On se souvient aussi que le dernier coup,
celui qui précipita Clisson contre la boutique du
boulanger, eut bien l’air de venir de celui qui
avait le plus d’intérêt à l’achèvement du crime.
Les bruits qui circulèrent dans Paris le lendemain
s’accordèrent d’ailleurs parfaitement avec cette
opinion ; et quand il fut question de celui qui
porta ce dernier coup, d’Orléans fut nommé bien
avant Craon. Mais comment celui-ci, s’étant vu
puni lui-même, ne fut-il pas indiscret à l’égard du
duc ?… parce que rarement un complice trahit
celui qui l’emploie : tant qu’il pourra se flatter
d’être servi par lui, il se gardera bien de tenir
une conduite qui lui ferait tout perdre. Il est
donc clair que d’Orléans, héritier des biens de la
victime quelle qu’elle fût, devait en hâter la mort
et il le fit. Aucune des mesures propres à l’exécution
du crime ne fut négligée par lui ; parfaitement
guidé par Isabelle, il les établit toutes avec
la plus extrême exactitude, et Craon en fit de
même. Quant à la reine, enfreignait-elle de son
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ISABELLE DE BAVIÈRE