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ISABELLE DE BAVIÈRE


vin et les mets qui avaient été présentés le matin furent goûtés, on ne découvrit rien ; c’était bien un autre genre de poison dont on s’était servi pour commettre ce crime.

Les médecins consultés rejetèrent tout sur la fatigue que venait d’éprouver le roi, déjà dans un grand état de faiblesse et d’abattement. Les princes l’attribuèrent au sortilège, et l’on ne vit pas, ou l’on ne voulut pas voir, que la main perfide qui suscitait cette affreuse aventure était la même que celle qui venait de conduire l’assassinat de Clisson.

En ce moment, disait-on, la reine portait dans son sein des preuves de sa coupable intelligence avec le duc d’Orléans et, certes, elle devait ménager dans lui et le père de l’enfant dont elle était enceinte et l’homme qui, comme frère de Charles, avait des droits réels au trône, dans le cas de la mort du roi. Or, pour Isabelle, un amant tel que d’Orléans ne valait-il pas mieux qu’un époux imbécile qui, à supposer qu’il restât dans cet état, serait toujours dans la dépendance de ses oncles nantis de l’autorité provisoire, qu’ils perdraient infailliblement dès que le roi n’existerait plus ? Elle se flattait que la scène de la forêt, dont elle avait été l’agente, coûterait la vie à Charles ; mais ses opinions changèrent dès que son attente fut