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ISABELLE DE BAVIÈRE

Isabelle, disent-ils, attendu les fréquentes rechutes de son époux, demeurait à l’hôtel Saint-Paul, pendant que le roi se tenait au Louvre comme si la gravité des maux de son époux n’eût pas plutôt exigé sa présence près de lui ? À quel point ces grands spéculateurs s’écartent du motif de cet éloignement ! et pourquoi donc ne pas voir que si la reine avait son habitation loin de celle de son époux, c’était dans le dessein de négocier plus à l’aise avec ceux qu’elle cherchait à séduire et à s’attacher par les moyens même les plus illicites ? Voilà cependant comme les bonnes gens écrivent l’histoire, et comme les sots croient tout ce qu’écrivent les bonnes gens.

Quoi qu’il en fût, les ambassadeurs d’Angleterre reparurent le 9 mars 1395 avec l’acceptation de toutes les clauses proposées pour la conclusion de ce célèbre hymen, que l’on peut avec raison regarder comme une des plus honteuses époques de notre histoire, puisqu’au moyen de ce pacte ignominieux on consentait à perdre la moitié de la France et à s’ôter les moyens d’y rentrer pendant vingt-huit ans… seulement au prix d’une alliance qui n’allait pas moins qu’à mettre le reste du royaume sous la domination d’un souverain dont l’unique intérêt était d’en former la meilleure partie de ses états ; et c’était ainsi que travaillait