l’ambition d’Isabelle, lui déplut. Puis elle se consola
de ce projet, en faisant imposer par le duc
d’Orléans une charge nouvelle, connue sous le
nom de taille générale ; et cette insatiable créature
satisfaisait ainsi son luxe effréné, ne pouvant contenter
sa perfide ambition. La guerre que l’on regardait
comme inévitable avec les Anglais servit de
prétexte à ce nouvel impôt, qui eut lieu malgré les
représentations du duc de Bourgogne, fondées sur
la misère beaucoup trop réelle des peuples. Les
peines les plus rigoureuses, les arrestations, les
contraintes par corps étaient décrétées contre ceux
qui ne payaient pas. On recueillit dix-huit cent
mille francs de cette vexation, somme immense
pour ces temps, et cependant ces derniers efforts
d’un peuple épuisé n’eurent pas un meilleur succès
que les autres. L’argent fut déposé à la tour du
Louvre ; et le duc d’Orléans, après l’avoir fait
enlever, le fit porter chez la reine, où il fut scrupuleusement
partagé entre ces deux spoliateurs
qui ruinaient la nation, en la déshonorant.
La mort du duc de Bourgogne suivit de près l’édit de l’emprunt dont nous venons de parler, et auquel il s’était si courageusement opposé. Cette mort qui lui faisait succéder le duc son fils, surnommé Jean sans Peur, devint l’époque de tous les fléaux qui devaient écraser la France.