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ISABELLE DE BAVIÈRE

Cependant le mal croissait toujours ; les charges, les impositions, les taxes arbitraires, la vénalité des emplois, tout ce qui pouvait enfin contribuer au luxe prodigieux et à l’ambition démesurée d’Isabelle et de son complice était mis en usage sans la moindre pudeur et la plus légère retenue. On ne craignait plus le roi ; tantôt stupide et tantôt furieux, il ne résultait chez lui, de ces deux extrêmes, qu’une apathie bien favorable aux ennemis de l’état.

Le public se vengeait comme dans tous les règnes par des sarcasmes et des bons mots, consolation d’autant plus triste pour le malheureux qu’on opprime, que l’oppresseur en rit toujours.

On appelait publiquement Isabelle la grande gore ; mais cela ne raccommodait rien. Quand ceux qui sont à la tête du gouvernement permettent tout à leurs passions, l’effronterie devient l’égide qui les garantit des traits qu’on dirige sur eux.

Jean de Bourgogne, en arrivant à la cour, était trop adroit pour ne pas commencer par s’allier avec les déprédateurs avant que de le devenir lui-même ; et pour parvenir à ce but, son premier soin fut de presser le mariage déjà projeté par son père entre Marguerite, sa fille, et le dauphin Louis et celui du comte de Charolais, son fils, avec Madame