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ISABELLE DE BAVIÈRE


un champ plus vaste et plus épineux sans doute, mais aussi plus riant et semé de plus de fleurs.

Que nos lecteurs veuillent bien se contenter des idées que nous jetons ici dans leur esprit ; ils verront bientôt si nous avons tort de les préparer à de bien plus étranges scènes.

Pour sonder le crédit qu’avait au Conseil l’un et l’autre de ces princes, la reine engagea le duc d’Orléans à proposer une seconde taxe déjà connue sous le nom de Taille générale, et dès lors elle était résolue de se déterminer en faveur de celui qui ferait réussir son dessein.

Le beau-frère de la reine fit valoir à cette occasion l’épuisement des coffres de Charles VI, et la crainte d’une nouvelle rupture avec l’Angleterre, mais le duc de Bourgogne, enchanté de pouvoir déguiser ses vices sous le voile d’une popularité que sa fourberie le mettait à même de feindre, mit en avant son zèle pour le bien d’un état que lui-même allait remplir de concussions, de deuil et de terreur. Et se levant avec autant d’énergie que de noblesse, il combattit d’Orléans avec une éloquence d’autant plus singulière, qu’il était loin de vouloir agir dans le sens de ses paroles.

Il représenta la misère du peuple, le mauvais emploi des sommes exorbitantes qu’on le forçait d’acquitter tous les jours. Il dit qu’il ne cesserait