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ISABELLE DE BAVIÈRE


donna ses deniers ; et d’Orléans préféra ce tribut au vain encens que les gens honnêtes brûlaient aux pieds de son rival.

Le duc de Bourgogne, couvert des éloges publics et peut-être plus flatté de ce succès que de tout autre, parce que celui-ci le menait à tout, crut devoir s’éloigner de la cour.

Le champ ne fut pas plutôt libre, qu’Isabelle et Louis, croyant n’avoir plus rien à redouter d’un compétiteur aussi dangereux, se rapprochèrent plus que jamais, ne mirent plus de bornes à leurs honteux désordres et à leurs coupables prodigalités.

Tous les jours se passaient en fêtes, que d’Orléans donnait à la reine, et qu’Isabelle lui rendait. Rien n’égalait le faste qui régnait à ces brillantes réunions. Chaque jour offrait une mode nouvelle qui faisait rejeter celle qui l’avait précédée, et le vil imitateur de ce luxe insolent ne pouvait montrer deux fois de suite les bijoux dont il se parait. La multitude de flambeaux qui éclairaient ces fêtes jetait un éclat moins vif que l’or et les pierreries qui chamarraient les vêtements de l’un et de l’autre sexe ; mais on ne payait rien, le marchand fournissait, on lui disait qu’il était trop heureux de la préférence qu’on lui donnait sur ses confrères, et que l’honneur qu’on lui faisait de s’occuper de