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ISABELLE DE BAVIÈRE


que ce qui fait le bonheur de l’un ne fasse le malheur de l’autre. D’Orléans se désolait, Isabelle le plaignait ou du moins semblait prendre part à sa douleur ; mais une telle femme n’existe ni pour adoucir l’infortune ni pour la partager. L’ardent foyer de l’ambition fit bientôt disparaître le flambeau de l’amour. Un prince malheureux n’a plus de charmes aux yeux de celle que dévore une passion qu’il ne peut plus servir, et, malgré le coupable silence des historiens sur un trait aussi essentiel, cette inconstance méditée, vice d’un cœur corrompu, dans lequel s’allumait en même temps l’incendie qui allait embraser la France ; cette inconstance, disons-nous, revêtue de tous les caractères de la plus forte vraisemblance établirait seule toute la conviction nécessaire aux lecteurs, quand même nous n’ajouterions pas à cette vraisemblance des preuves matérielles fournies par Bois-Bourdon et qui vont bientôt l’étayer. Que cette certitude nous conduise au moins en attendant à rejeter les bruits ridicules que l’on fit courir alors, du départ d’Isabelle pour l’Allemagne, après y avoir fait passer des sommes énormes. Eh ! qu’eût été faire la reine en Allemagne ? par quelle raison y aurait-elle envoyé des sommes que ces nouveaux projets lui rendaient si nécessaires en France ? Cette accusation peut se mettre au nombre de tous les faux