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ISABELLE DE BAVIÈRE


séjour : préparez tout, ayez du monde et comptez sur moi[1]. »

Nous sommes obligés de jeter un voile sur ce qui cimenta ce pacte horrible, dressé par les furies, et que l’enfer déchaîné vint exécuter en détail,

Ô malheureuse patrie ! laisse un instant couler nos pleurs sur les maux dont tu fus déchirée par cette exécrable association ! les flots du sang qu’elle te coûta ont si longtemps rougi ton sein que c’est pleurer nos malheurs du siècle dernier que de déplorer ceux de ces temps horribles ; et l’une des

  1. La rue Barbette d’alors, qu’il ne faut point confondre avec la nouvelle, percée dans le milieu des jardins d’Isabelle, n’était qu’une prolongation de la vieille rue du Temple. C’était donc dans cette rue, loin de Paris et écartée de plusieurs toises de l’enceinte tracée par Philippe Auguste, c’était là, disons-nous, qu’était située cette maison ornée par Isabelle et qui, en raison de sa situation hors des murs, était appelée maison de plaisance, ou petit séjour de la reine. Elle l’avait achetée de Jean de Montagu, grand maître de France qui, lui-même, la tenait d’Étienne Barbette, grand voyer de Paris, dont elle était la demeure, et qui avait donné son nom à l’emplacement dit Couture Barbette, sur lequel il l’avait construite. C’est cette même maison qui fut pillée en 1306 dans une émeute occasionnée par le changement des monnaies ; ce fut aussi dans cette maison que Montagu logea Charles VI et toute sa cour, peu avant le départ du roi pour la Bretagne ; et quand il l’eut vendue à Isabelle, il fut logé à l’hôtel de Giac que lui avait donné le duc de Bourgogne, ancienne demeure d’Hugues Aubriot, prévôt de Paris.