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ISABELLE DE BAVIÈRE

En convoquant ses vassaux, le duc de Bourgogne leur avait avoué qu’il était bien véritablement l’auteur du meurtre de son cousin ; mais il leur avait présenté cette action sous des couleurs si favorables, sous des intentions si dignes d’être approuvées ; il les avait si bien persuadés qu’en faisant assassiner le duc Louis, il n’avait fait que de délivrer la France d’un tyran qui la désolait, que cet aveu et ses développements n’avaient servi qu’à réchauffer le zèle de ceux qu’il convoquait et qu’à hâter l’envoi de leurs secours. Tous l’applaudirent, et tous offrirent leur personne et leur or.

On voulut négocier avec ce coupable… Quelle honte ! mais il le fallait : non seulement les circonstances ne permettaient pas de se mesurer avec lui, mais on appréhendait son crédit dans la capitale ; on savait à quel point il avait gagné tous les cœurs et que le nombre infini de ses partisans le rendait extrêmement redoutable.

Jean ne voulut rien entendre : la bassesse des moyens que l’on employait avec lui achevait de le faire triompher, et plus on avait l’air de le craindre, plus il devenait inflexible. La reine avait soin de ne lui rien laisser ignorer, et chacune de ses instructions était suivie des promesses les plus affirmatives de le soutenir jusqu’à la mort.

On négociait à Paris ; on délibérait dans le