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ISABELLE DE BAVIÈRE


présenter la reine[1] : comme s’il n’était pas reconnu que cette reine était la cause de tout, à tel point qu’il n’est pas un seul fait dans ce règne à jamais mémorable, dont elle ne fût le premier mobile, pas une goutte de sang répandu, qui ne fût le fruit de ses monstrueuses scélératesses.

Le duc de Bourgogne parut armé dans la séance où se fit cette apologie ; une garde nombreuse l’environnait et la reine, par une sorte d’attention qui la caractérisait bien, l’avait fait suivre par la plus vile canaille.

Enfin le cordelier Jean Petit parla, et après avoir déclaré qu’il était chèrement payé pour ce qu’il faisait (aveu bien extraordinaire sans doute), il osa soutenir que, dans certains cas, l’homicide était légitime, ce qu’il appuya par douze raisons, en l’honneur, dit-il, des douze apôtres, qui pourtant ne tuèrent personne et qui ne parlaient qu’au nom d’un dieu de paix bien éloigné de légitimer le meurtre. Mais est-il étonnant qu’un moine bien payé préconise les crimes du scélérat qui le couvre d’or ? Ce n’est donc pas du discours odieux de Jean Petit qu’il faut que la postérité s’étonne, mais seulement de l’ineptie des auditeurs qui loin

  1. Nous invitons le libraire imbécile qui tint ce propos à convenir qu’il est bien peu fait pour l’honnête profession qu’il exerce.