mencèrent ; mais rien ne nous indique ici la part
que put y avoir Isabelle. Le fait est qu’un traité
signé à Vicestre sépara pour cette campagne des
armées que la saison et le manque de subsistance
obligeaient nécessairement à regagner leurs foyers.
Il s’offrait un moyen bien simple d’étouffer ces troubles dès leur naissance, c’était de déclarer le dauphin régent du royaume ; ce moyen fut proposé dans un Conseil où était la reine ; mais pouvait-elle approuver qu’on revêtit un autre d’une autorité qu’il n’aurait eue qu’aux dépens de celle du duc de Bourgogne ? eût-elle régné avec son fils comme elle régnait avec son amant ? l’un n’eût voulu que le bien, et l’autre ne gagnait qu’au mal… Mais la voix de la nature, ah ! pouvait-elle balancer celle que tous les crimes faisait retentir dans son âme de fer ?
Isabelle était trop adroite pour s’écarter en rien du plan conçu par le duc et par elle, et certes celui que l’on concertait renversait absolument le leur. Le dauphin déclaré régent ne devenait-il pas orléanais ? et la reine n’avait-elle pas dès lors un bien redoutable adversaire ? en outre, comment sa complicité ne serait-elle pas promptement découverte si le parti d’Orléans venait à triompher ? Son fils, pouvait-on objecter, serait-il devenu son accusateur ? cela n’était pas vraisemblable ; mais ne