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ISABELLE DE BAVIÈRE


individu n’entre dans la ville ou n’en sort sans être fouillé ; seuls des démons armés de glaives et de poignards circulent dans ces rues désertes, qu’ils vont teindre du sang que leur férocité va répandre.

Le duc de Bourgogne s’affermissant de plus en plus fait nommer le comte de Saint-Paul gouverneur de Paris, moyen bien plus fait pour irriter le mal que pour le calmer.

Le premier soin de ce zélé partisan du Bourguignon est de se créer une milice à lui, composée des bouchers, des écorcheurs et d’autres individus nés dans le sang et qui, par état, ne devaient pas s’effrayer d’en faire couler des veines de leurs malheureux concitoyens.

Cette redoutable phalange toujours exaltée par Isabelle et par son héros, remplit la ville de pillages, de massacres et de vengeances particulières. Voulait-on se délivrer d’un ennemi, il suffisait de le désigner sous le nom d’Armagnac aux adversaires de ce parti : s’il ne tombait pas à l’instant sous le glaive de leurs lois arbitraires, des chaînes, plus douloureuses que la mort à laquelle il n’échappait que pour mieux assouvir la cruauté de ses bourreaux, le captivaient dans le fond des cloaques infects toujours entrouverts sous ses pas. Bien souvent même la perte des victimes de ces proscriptions se consommait sans aucune formalité,