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ISABELLE DE BAVIÈRE


le ciel ne l’avait élevée que pour punir les hommes.

Le comte d’Arundel sans rien répondre prononça son serment de fidélité aux pieds de la reine et du duc de Bourgogne, et on le conduisit au roi, qui l’embrassa comme son libérateur.

Un édit de ce prince fut aussitôt lancé pour enjoindre à tous ses sujets de s’armer contre le parti d’Orléans : par ce moyen, la moitié de la France fut livrée à l’autre, sous les ordres du plus grand ennemi de toutes deux.

Peu à peu la désertion se mit dans le parti Orléanais. Les Anglais, qu’ils avaient appelés à leurs secours, se retirèrent, et toutes les apparences devinrent favorables aux Bourguignons. Mais quels triomphes ! Il n’était pas un seul de ces petits combats qui ne coûtât du sang aux Français, tant d’un côté que de l’autre ; lui seul inondait toujours le sol de nos campagnes.

Ce fut dans ces cruelles circonstances qu’éclatèrent l’avarice et la férocité du duc et de la reine. Il ne se faisait pas un seul prisonnier qui ne fût à l’instant massacré : son or, à la vérité, le sauvait quelquefois, mais ce n’était qu’au prix le plus exorbitant qu’il parvenait à racheter sa vie. Ne pouvait-on payer ? le bourreau était là ; ami et protégé du duc de Bourgogne, l’effrayant personnage exécutait à l’instant les ordres qu’il recevait de son