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ISABELLE DE BAVIÈRE


maître. On les voyait souvent parcourir ensemble tous les quartiers de Paris, en se tenant sous le bras et causant avec la plus grande familiarité.

D’un autre côté, Isabelle soudoyait, caressait, encourageait les chefs de la sanguinaire faction qui la servait si bien.

Réunissant aux Halles les Saint-Yon, les Gouax, les Caboche, les Thibertz et tous ces vils satellites de sa férocité, on la voyait le regard enflammé, les cheveux en désordre, haranguer cette populace qui multipliait journellement auprès d’elle tous les crimes dont elle composait ses délices.

« Braves défenseurs de la couronne, disait-elle avec énergie, c’est de vous seuls que la France attend son destin, c’est à vous seuls que le roi veut devoir ses jours et le dauphin son trône ; secondez mes efforts et nous triompherons bientôt de ces lâches ennemis, qui sous le spécieux prétexte de la vengeance, se livrent par ambition à toutes les horreurs qui souillent votre malheureuse patrie. C’est la mort d’un père que veut venger un fils respectable, osent-ils vous dire, qui leur met les armes à la main. Ah ! descendez un moment avec moi dans le fond de leurs cœurs, vous n’y verrez pour stimulants des forfaits qu’ils commettent que l’avarice, l’ambition et le régicide. C’est la couronne qu’ils veulent pour leur chef et non la mort