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ISABELLE DE BAVIÈRE

Le silence des Parisiens, et la multitude des précautions employées déterminèrent enfin le duc de Bourgogne à se retirer après s’être montré une dernière fois en bataille entre Chaillot et Montmartre. On voulut le poursuivre, mais en vain ; on ne put l’atteindre et il mit des garnisons dans toutes les places qui pouvaient assurer ou sa retraite ou son retour.

L’esprit de la capitale changeait insensiblement. Par le moyen de ses émissaires, Isabelle faisait sentir aux citoyens de cette ville qu’ils ne gagnaient rien aux variations qui venaient d’avoir lieu ; que si ces troupes que l’on voyait perpétuellement circuler dans les rues ne faisaient pas de mal aux habitants, il était bien certain qu’elles finiraient toujours par s’en faire bien payer ; que sous la faction bourguignonne, le citoyen lui-même était soldat et qu’à présent le soldat devenait nécessairement l’ennemi du citoyen. On commença donc à regretter l’ancien joug. La cour, de son côté, ne cessait de conjurer contre le duc : dans une assemblée présidée par le dauphin, dans laquelle la reine crut devoir paraître, afin de tout voir, de tout entendre et de prévenir le duc Jean, si le cas l’exigeait, on décida qu’il fallait faire une guerre à mort à ce duc, et en conséquence, on déclara traître envers le roi tous ceux qui ne partageraient pas