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ISABELLE DE BAVIÈRE

Il existait encore une autre cause des chagrins d’Isabelle : depuis que le dauphin était lieutenant général du royaume, il ne se conduisait plus que par les conseils de l’évêque de Chartres et par ceux du seigneur de Montauban, tous deux ennemis du duc de Bourgogne.

La décision du Conseil ne devint pas non plus un moyen de calmer la princesse, puisqu’on mit le comte d’Armagnac à la tête du gouvernement. Cependant, lorsque Bois-Bourdon vint témoigner à Isabelle le chagrin qu’il ressentait du parti qu’on venait de prendre, ce qu’elle répondit fut d’autant plus étonnant qu’il paraissait qu’elle n’était pas très étrangère aux résolutions du Conseil.

« Ce que je voulais[1], dit-elle à son favori, c’était que le dauphin ne conservât pas une autorité dont il eût tôt ou tard usé contre nos intérêts. Dans les circonstances actuelles, il était impossible que le duc de Bourgogne fût nommé et, ne pouvant l’avoir pour soutenir notre cause, je ne suis pas fâchée qu’il paraisse notre ennemi. Cela va renouveler les troubles : s’il n’a pas défendu la France à Azincourt, il s’en rendra le maître à Paris ; et tous mes désirs s’accompliront alors. Il faut un autre ordre de choses à votre nation ; le monarque qui

  1. 13e pièce du procès, fo 3.