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ISABELLE DE BAVIÈRE


la grande boucherie fut fermée, mais le foyer des conspirations était bien plus sûrement établi dans le cabinet de la reine.

La cour voulut entamer de nouvelles négociations avec l’Angleterre ; mais ce qu’il y eut de très singulier, c’est que par des motifs fort différents, quoique rattachés tous à l’ambition et à l’avarice, les deux contendants s’opposèrent également à la réussite de ces négociations, et si l’Anglais n’entreprenait rien, c’est qu’il ne voyait pas encore comme il pourrait profiter de nos troubles : de manière qu’il proposa une trêve de trois ans en attendant qu’il pût travailler avec fruit à une paix générale. Mais le connétable ne voulut rien entendre. De ce moment Henri rassembla toutes ses forces et se concertant avec le duc de Bedford, son frère, il s’avança sur Harfleur qu’assiégeait le connétable.

Ce fut alors que le duc de Bourgogne ne déguisa plus ses liaisons avec le roi d’Angleterre. Ils eurent ensemble à Calais une conférence où la cour voulut envoyer ; mais tout se trama si secrètement que les ambassadeurs de Charles ne découvrirent rien, et ne purent jamais présumer que les clauses du traité que Jean passait avec Henri, de concert avec Isabelle, décelaient la haine la plus invétérée de ces puissants ennemis de la France contre cette