son autorité, que la présence de son fils, tandis
que ce fils, rappelé par les Armagnacs, devait, en
se prononçant en leur faveur, devenir extrêmement
dangereux pour sa mère ? Ce n’était donc pas de
son fils qu’elle avait besoin, c’était du duc de
Bourgogne, et tous deux dans ce moment au
moins, paraissaient avoir bien plus de raisons pour
s’approprier Charles que pour conserver Jean.
Cette seule combinaison devenait l’arrêt de ce
dernier prince : car on ne pouvait laisser subsister
ensemble deux dauphins d’opinions si différentes et
réclamés tous deux par les chefs de leur parti.
Jean devait donc périr, et il périt. Ce soin cruel
devint encore l’ouvrage d’une mère barbare, qui
sacrifiait à son ambition les plus doux sentiments
de la vie. La nature peut-elle donc produire de
tels monstres, et leur pernicieuse existence n’est-elle
pas une calamité publique ?…
Le mécontentement qu’excita ce prince décida de son sort : Jean reçut de sa mère, disent les historiens, une chaîne d’or qui fit tomber la peau de ses mains, sitôt qu’il la toucha, et qui lui donna la mort dès qu’il l’eut placée à son cou. On attribua aussi cet accident à une apostume dans la gorge ; mais quoi qu’il en fût, il mourut, et le ciel laissa vivre Isabelle. On ne la soupçonna même pas de ce crime, généralement attribué au duc