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ISABELLE DE BAVIÈRE


qu’elles ne pouvaient entrer de face dans aucun appartement[1].

Souvent ces grandes parures se quittaient et, sous le vil déguisement des prostituées, Isabelle se livrait avec toutes les femmes de sa suite, vêtues comme elle, aux désirs impurs de tout ce que Paris recélait de plus crapuleux. Des prix proportionnés à la multitude et à l’espèce des offrandes devenaient des motifs d’encouragement à de nouvelles turpitudes, et c’était ainsi que cette femme perverse démoralisait en détail une nation qu’ensuite elle égorgeait en masse.

Le connétable, l’un des hommes les plus politiques de son siècle, démêla bientôt cette femme artificieuse. Il ne l’eut pas plus tôt connue qu’il la craignait : de là à la nécessité de la perdre il n’y avait qu’un pas, pour un homme de ce caractère.

Ayant donc fait mystérieusement éclairer les actions d’Isabelle, il découvrit que l’homme qui lui était le plus cher, l’instrument et l’agent de tous ses plaisirs, l’homme en un mot qui déshonorait à la fois et le monarque et cette indigne épouse, était ce Bois-Bourdon, aux interrogatoires duquel nous avons si souvent renvoyé nos lecteurs.

« Sire, dit alors le connétable à Charles, vous

  1. N’avons-nous pas vu sous Louis XV leurs ridicules paniers avoir le même inconvénient ?