sumable que le duc de Bourgogne, se rapprochant
alors de la reine, la vengerait tôt ou tard, et ce
procédé trop naturel pour ne pas être prévu ne
rallumait-il pas le feu des factions ? Or, il n’y avait
pas à balancer entre les inconvénients qui allaient
résulter de cet incendie et ceux infiniment moins
dangereux de cacher les déportements de la reine.
On ne s’en tint pas aux confiscations des trésors cachés par Isabelle ; le connétable, qui multipliait les impôts, et qui mettait tout en usage pour avoir de l’argent, vendit jusqu’aux effets particuliers de la princesse ; ses meubles, ses bijoux, tout disparut et, par un juste châtiment de la Providence, cette malheureuse femme était à la veille de tomber dans la même détresse où elle avait laissé languir le roi et ses enfants.
Le défaut de sagacité du connétable fut encore prouvé dans des occasions plus sérieuses et plus funestes à ses propres intérêts : il maltraitait tout le monde, il écrasait le peuple d’impôts et donnait aux militaires tous les dégoûts capables de leur faire abandonner son parti. De ce nombre furent la Trémouille et l’Isle-Adam, de la désertion desquels il eut bientôt à se repentir.
Bourgogne s’enrichissait de toutes ces défections : on ne quittait Armagnac que pour voler sous les drapeaux du duc, dont le parti croissait tous les