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ISABELLE DE BAVIÈRE


duc, meilleur guerrier qu’adroit politique, n’avait pas d’abord senti ces importantes considérations. Il ne fut éclairé que par la reine, qui ne négligeait jamais rien de tout ce qui pouvait engager les autres à servir ses propres intérêts ; et cette femme, aussi courageuse qu’extraordinaire, eut toute sa vie cela de particulier que le peu de bien qu’on lui vit faire n’avait jamais d’autre motif que de servir le mal qu’elle désirait par goût ou par utilité.

On renouvela des propositions que le roi d’Angleterre écoutait comme s’il eût désiré la paix, pendant que toutes ses démarches ne démontraient en lui que le plus grand désir de faire la guerre ; et ici, pour mieux inquiéter le duc de Bourgogne dont il connaissait les véritables motifs, il eut l’air de se prêter à quelques ouvertures d’alliance qui lui furent faites par le dauphin dont il se moquait dans le fond de son cœur. On ménagea d’autres négociations dans le cabinet du roi, qui n’eurent pas un meilleur succès.

Pendant ce temps, l’adroite Isabelle employait auprès de l’Anglais des moyens infiniment plus sûrs. Elle lui envoya par le cardinal des Ursins le portrait de Catherine, en lui faisant dire sous main qu’elle lui offrait la plus belle et la plus chérie de ses filles ; mais qu’elle y mettait pour clause que le mariage se ferait à Paris.