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ISABELLE DE BAVIÈRE

Le duc, néanmoins fortement sollicité de secourir la ville de Rouen, dont on voit, d’après ce qui vient d’être dit, qu’il s’embarrassait fort peu, envoya, à la fin, à ces malheureux, dix-huit cents hommes que Henri détruisit en un jour.

Les assiégés, au désespoir, se décidèrent à une vigoureuse sortie, qui peut-être allait tout réparer, lorsque Boutellier, ce traître dont il vient d’être question, d’après une lettre qu’il venait de recevoir de la reine, fit rompre le pont par lequel devaient passer ceux qui allaient attaquer les Anglais : la moitié de la garnison fut noyée. On demanda de nouveaux secours ; mille raisons parurent en légitimer le refus, et le duc finit par conseiller aux assiégés de se rendre sous les conditions les moins avilissantes ; elles furent très dures. On remarqua cependant, ici, avec plaisir, un trait de bienfaisance de la part de Henri : on stipula en faveur des malheureux rejetés de la ville et languissants dans les fossés ; les habitants furent obligés de les nourrir pendant un an ; ainsi le plus grand ennemi de la France devint en cette occasion plus généreux que les chefs qui la gouvernaient : ces derniers furent la cause d’une affreuse inhumanité que le premier répara aussitôt qu’il le put.

Rouen fut aux Anglais, la fortune le permit ; elle est donc souvent bien injuste.