et c’est ici que nous ne pouvons nous empêcher
de rapporter l’entretien curieux qu’il eut la veille
avec la reine, et qui ne se trouve que dans un
testament manuscrit apporté à Londres par Jaquelin,
secrétaire du duc qui, dès le lendemain de la
scène que nous allons décrire, y passa avec d’autres
pièces analogues au même fait[1].
« Sire de Bourgogne, dit la reine, vous touchez au moment le plus intéressant de votre vie et à celui où toutes nos espérances doivent se réaliser. Notre plus grand ennemi dans ces entrefaites est incontestablement le dauphin : songez au mal qu’il vous a fait, à celui qu’il a voulu et qu’il peut vous faire encore. Charles VI est un être nul pour nous ; nous n’avons besoin que de son ombre, elle nous couvre. Mais le dauphin prête un corps à cette ombre. Que ferez-vous avec l’Anglais, si vous laissez subsister celui qui nécessairement réunira un jour toutes ses forces à dessein de détruire notre ouvrage ? vous avez promis de vous en défaire, Henri vous tiendra-t-il parole quand vous en manquerez avec lui ? À quoi nous aurait donc servi d’ailleurs d’exterminer la faction
- ↑ C’est là, et dans la bibliothèque même du roi d’Angleterre, que nous avons en 1770 recueilli ces notes sur les pièces originales qui constituent ce passage ; elles étaient écrites en vieux français.