mettant une main sur la garde de son épée, et
l’autre sur le collet du dauphin, il fit des yeux un
signal aux gens de son parti. Tanneguy, saisissant
la situation, pousse alors le duc par les épaules,
dégage le dauphin, que ses gentilshommes font
repasser de l’autre côté de la barrière, et, lui Duchâtel
poursuivant avec raison la vengeance de
l’injure que son maître vient de recevoir, frappe
le duc de sa hache, le blesse au visage et au poignet ;
le duc tombe sur ses genoux, les coups
redoublent, les meurtriers l’environnent ; on l’achève.
Layet et Froilier lui plongent leurs épées
dans le corps, au défaut de son haubergeon.
Noailles, le seul partisan du duc qui se mit en
défense, reçut plusieurs blessures, dont il mourut
peu après ; les autres seigneurs bourguignons
furent faits prisonniers, excepté Montaigu qui
trouva le secret de s’évader.
Telle est la vérité de ce mémorable événement, d’après les meilleurs historiens, et Monstrelet surtout, de la narration duquel il faut pourtant se défier un peu, vu son extrême attachement à la maison de Bourgogne. Au reste nous avons saisi, comme nos lecteurs sans doute, une contradiction qu’il nous est impossible de détruire. Comment se peut-il que Tanneguy frappe le duc d’une hache, pendant qu’on n’avait laissé aux seigneurs que