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ISABELLE DE BAVIÈRE


n’y voyait que la punition des meurtriers de son père.

Impétueux, bouillant, plein des vertus qui caractérisent un bon fils et de celles où doit aspirer un grand prince, le nouveau duc mit tout en usage pour venger son père. Il promit à l’Anglais des moyens supérieurs à ceux qu’avait offerts le duc Jean. Une fortune égale à celle de son père, et une chaleur émanée d’une âme sensible bien plus que d’une tête ambitieuse, devaient lui mériter de la confiance… Si la reine avait mis tant d’empressement à l’appeler près d’elle, c’est qu’elle avait senti la conformité de leurs intérêts ; elle se servait en le servant et ce fut peut-être là que l’on vit une de ces occasions aussi rares qu’extraordinaires où le crime s’étaie de la vertu en feignant de la servir.

Jamais Henri V n’avait eu une chance aussi heureuse et ici le hasard le servait mieux que sa fortune. Plus de contestations, plus d’incertitudes ; on lui offrait la couronne de France, objet de ses uniques désirs ; il ne lui restait plus qu’à l’accepter ; La reine et le jeune duc avaient promis la paix ; tout se trouvait d’accord ; il paraissait que l’on n’attendait plus que le temps nécessaire pour préparer par décence le peuple français à un genre de révolution si loin de sa franchise et de sa loyauté.