reux monarque dépérissait à vue d’œil ; il se joignait
à son délire ordinaire des attaques d’une
fièvre quarte, dont les accès redoublaient. La reine
crut voir arriver l’instant où elle allait être privée
d’un époux qui lui devenait nécessaire dans le
discrédit où elle commençait à tomber, et dont elle
ne pouvait surmonter l’idée qu’au moyen de ce
fantôme d’autorité dont elle pouvait encore tirer
avantage. D’une autre part, elle sentait que plus le
danger de perdre le roi s’augmentait, plus les
affaires du dauphin devaient s’améliorer : il était
démontré que ce prince n’aurait pas plus tôt remplacé
son père que la reine serait exilée : elle avait
trop de tort et envers ce fils et envers l’état, pour
qu’il fût possible de lui faire grâce. De telles combinaisons
suffisaient, à une tête comme celle d’Isabelle,
pour la porter à un dernier crime qui la
dégageât du moins de l’homme du monde qu’elle
redoutait et qu’elle haïssait le plus. Elle avait tant
de fois fait usage de poison qu’elle craignait d’être
soupçonnée en faisant une nouvelle tentative de ce
genre : elle imagina donc pour faire périr son fils
un moyen aussi épouvantable sans doute, mais
dont on devait moins se défier.
Sachant que le dauphin devait tenir un grand conseil à La Rochelle et que l’on construisait à cet effet une salle dans les vastes greniers de la plus