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ISABELLE DE BAVIÈRE

Cependant, l’état du roi devenait tous les jours plus dangereux. Ce prince infortuné rendit enfin son dernier soupir le 20 octobre 1422 à l’hôtel Saint-Paul, où sa petite cour était reléguée près de lui. Pas un prince ne se trouva à ses funérailles ; et ce qu’il y eut de plus indécent et de plus extraordinaire, il ne se trouva pas même dans ses coffres de quoi payer ses obsèques. Le Parlement fut obligé d’intervenir et de rendre un arrêt en vertu duquel les meubles du défunt seraient vendus pour fournir aux frais de son enterrement !

Telle fut la situation déplorable dans laquelle mourut ce bon prince, justement chéri de ses sujets qui le nommèrent le bien aimé, ayant toute sa vie montré bien plus de vertus que de vices : allié fidèle, bon père, époux sensible, ami constant et généreux ; mais qui malheureusement livré par tendresse et par aveuglement à la plus indigne des femmes, et plus à plaindre encore par les maux qui le tourmentaient sans cesse, ne put ni surmonter la faiblesse qui lui fit commettre tant de fautes ni donner l’essor à des vertus qui devaient nécessairement lui assurer dans la postérité le rang d’un de nos meilleurs souverains.

La foule du peuple, qui suivit la pompe funèbre, fit retentir les airs de ses gémissements : aussi à plaindre que le monarque l’avait été lui-même, les