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ISABELLE DE BAVIÈRE

En arrivant, il confère avec l’architecte et lui révèle ce qu’on attend de lui. « Il faut, dit Le Clerc à l’artiste, que la salle s’écroule et que le dauphin soit sauvé. Vous avez horreur comme moi du crime qu’on nous propose, et vous devez comme moi en paralyser les effets. Nous allons exposer bien du monde, je le crains ; mais nous pouvons amoindrir le danger à force de précautions : au lieu que rien ne nous préservera du courroux de la reine, si nous n’avons pas au moins l’air de remplir ses vues. »

Tout réussit comme l’avait conçu le brave Le Clerc, mais non pas l’effroyable Isabelle. Le fauteuil du dauphin placé sur la partie de la salle soutenue par un gros mur fit rester le jeune prince en l’air, pendant que tout s’écroulait autour de lui. Par les soins de Le Clerc et de l’architecte, il ne périt que deux personnes. Cependant à son retour Le Clerc fut mal récompensé ; Isabelle l’accusa de faiblesse, de trahison et, dans la crainte qu’il ne parlât, elle le fit mettre à la Bastille où il eût péri sans doute, si le dauphin une fois sur le trône, n’eût fait droit aux réclamations de ce malheureux qui avoua tout, n’ayant plus rien à redouter d’Isabelle, qui pour lors n’existait plus[1].

  1. Voyez les registres et autres papiers de la Bastille déposés lors de la révolution aux grands Jésuites de la rue Saint-Antoine et compulsés par nous en 1790.