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ISABELLE DE BAVIÈRE

Cependant, la pucelle profitant de la circonstance où sa blessure la mettait, parfaitement persuadée d’ailleurs que sa mission se bornait au couronnement du roi, demanda, sans pouvoir l’obtenir, la permission de se retirer auprès de ses pauvres parents, pour les aider et aller garder leurs troupeaux avec sa sœur et ses frères.

« Je suis trop heureuse, ajoutait-elle, d’avoir vu triompher Charles VII. Je n’ai plus rien à faire ici ; c’est avec peine que je m’en arrache et que je suis mes inspirations ; car je voudrais mourir auprès de mon prince. »

Quel contraste ! Jeanne voulait mourir pour son roi ; Isabelle voulait la mort de ce roi et payait le meurtre de celle qui voulait mourir pour le roi.

Une trêve conclue à Paris, et un partage du royaume entre le duc de Bedford, toujours régent, et le duc de Bourgogne déclaré lieutenant général du royaume, laissa Isabelle dans une perplexité d’autant plus alarmante qu’elle n’ignorait pas les projets de raccommodement entre Charles et Philippe. Elle n’osa plus dès lors agir aussi ouvertement sur l’esprit des Parisiens qu’elle le faisait avec Bedford qui, comme Anglais, secondait bien mieux ses vues et ses horribles projets contre un fils à la veille de devenir l’ami du duc de Bourgogne. Il paraît néanmoins qu’elle eut beaucoup