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ISABELLE DE BAVIÈRE


alors que trop d’influence et qui, même encore aujourd’hui, jettent plusieurs historiens dans l’erreur sur tout ce qui tient à cette intéressante fille.

Assurément, on a eu raison de dire que Jeanne d’Arc ne devait son supplice ni aux Français ni aux Anglais : il règne trop de franchise et trop de loyauté dans l’âme de ce premier peuple, et trop de fierté dans celle du second, pour qu’on puisse accuser aucune de ces deux nations d’une aussi atroce barbarie. L’inquisition la réclama, nous dit-on ; l’université fit de même, et sa perte, continue-t-on, n’est due qu’à la conformité des vœux et des désirs de la réunion de ces deux corps.

Examinons le fait sans partialité comme sans prévention.

L’université, disent les historiens qui veulent la charger de cette horreur, flagornait journellement alors les autorités bourguignonnes ou royalistes, sous lesquelles elle se trouvait tour à tour ; et comme, en ce moment, le parti anglais triomphait dans Paris, l’université dut se déclarer contre Jeanne. Mais l’université était composée de Français, et jamais l’âme du Français ne varia sur l’amour qu’il doit à son prince : si, subjugué par les circonstances, le Français est quelquefois contraint à déguiser ses véritables sentiments, ils ne règnent pas moins dans son cœur ; et les membres