de mon époux ; je veux tout pouvoir sur Touraine.
Sachez vous ployer aux circonstances, mon ami :
je n’aimerai le duc qu’autant qu’il le faudra pour
nos communs intérêts : ce n’est point une infidélité
que je fais, c’est un chef-d’œuvre d’intrigue
et de combinaison. Soyez toujours discret, je ne
vous cacherai rien ; vous serez utile à mes projets ;
je servirai les vôtres, et nous nous retrouverons
toutes les fois que l’ambition, l’amour ou l’intérêt
devront nous rapprocher. » Nouveaux serments de
fidélité de la part du favori ; et l’intrigue se noue
avec le duc.
« Vous n’êtes pas à votre place, mon frère, dit un jour Isabelle à M. de Touraine ; Charles est incapable de régner ; ce serait à vous que devrait appartenir le trône : agissons de concert au moins pour l’illustrer, si nous ne pouvons parvenir à y placer le seul homme qui serait fait pour s’y asseoir.
— Mon ambition égale la vôtre, Madame, répondit le duc, et c’est avec chagrin que je vois des oncles déprédateurs et pervers s’emparer à la fois de l’esprit du monarque et de la fortune de ses peuples. Voilà deux fois que le duc de Bourgogne fait avorter des résolutions dont le succès pouvait être très glorieux pour la France, et dont l’inexécution appauvrit le peuple et n’enrichit que