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ISABELLE DE BAVIÈRE


çons se dissipèrent, et l’on ne s’en prit plus qu’à la lenteur qu’avait mis le duc de Berri pour se rendre au port de l’Écluse, point du ralliement et du départ ; cette subversion d’idée n’était due qu’au duc de Bourgogne, dans le dessein de se mieux déguiser.

Pendant l’absence de la cour, qui venait de partir pour la Flandre, le duc de Touraine, frère du roi, était resté à Paris.

Jeune, impétueux et bouillant, ce ne fut pas sans émotion qu’il se trouva, pour ainsi dire, tête à tête avec Isabelle qui, de son côté, crut devoir profiter de cette circonstance pour mettre dans ses intérêts un homme aussi nécessaire aux desseins qu’elle avait déjà conçus, malgré sa jeunesse, et dont nous avons vu qu’elle avait même fait part à Bois-Bourdon. Mais dans l’intention de les conserver tous deux, elle crut devoir faire connaître à celui-ci les progrès bien réels qu’elle avait faits sur le cœur de l’autre.

« Bel ami, lui dit-elle en conséquence, vous vous souvenez de tout ce que je vous ai dit au sujet de mon beau-frère ; je vous ai fait sentir le besoin que j’avais de lui ; je vous ai témoigné le plaisir que j’aurais de l’enchaîner à mon char : j’ai réussi, Bourdon[1], Touraine peut tout auprès

  1. C’était ainsi qu’elle le nommait souvent, par abréviation et par amitié.