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ISABELLE DE BAVIÈRE


ils sont remplis, répond Bavalan. — Malheureux, qu’as-tu fait ? ne devais-tu pas reconnaître le principe qui les dictait ? — Je l’ai reconnu, mon prince ; et c’est pour cela que le connétable est plein de vie. — Ah ! mon ami, je te dois la mienne ; embrasse-moi, Bavalan, et compte sur mon éternelle protection ; je te dois à la fois et l’honneur et la vie[1]. »

Mais telle est la marche du cœur humain : le crime se conçoit dans le délire des passions ; le remords le punit ou le prévient ; en revenant, il reprend bientôt de funestes droits que la vertu ne peut plus anéantir.

Charles de Blois, d’abord très aise d’avoir conservé la vie au connétable, ne voulut plus le rendre sans une forte rançon. Clisson se plaignit au roi qui, pour venger son connétable, veut porter sur-le-champ la guerre en Bretagne ; mais le duc de Bourgogne, qui partageait trop bien avec Charles de Blois les sentiments de celui-ci pour l’Angleterre, sut adroitement détourner ce projet, et l’on se contenta de faire sommer le duc de Bretagne de rendre et l’argent qu’il avait reçu du connétable et celle de ses places qu’il avait gardée pour nantissement. Charles, pour toute réponse,

  1. Tel est le trait où Voltaire a pris le sujet de son Adélaïde du Guesclin.