de voir que Clisson obtenait une chose qu’il avait
promise et dont il ne voulait plus se mêler, jura
une haine éternelle au connétable, et le premier
trait de cette haine nous paraît trop intéressant
pour le supprimer. La manière frappante dont il
dévoile d’autres événements nécessaires à notre
sujet, nous impose d’ailleurs le devoir de le raconter,
quelque connu qu’il soit.
Le duc de Bretagne faisant un jour visiter au connétable son château de l’Hermine sous le prétexte de recevoir ses conseils sur la partie des fortifications, dans laquelle Clisson était fort instruit, il le fit pénétrer dans les tours du château. À la porte de l’une de ces tours, le connétable, avant que d’entrer, fit quelques cérémonies d’usage ; mais le duc l’ayant contraint, Clisson obéit. À peine est-il passé que, sur un signal du duc, les portes se ferment à l’instant et le connétable est chargé de chaînes. Aussitôt Bavalan, qui commande dans cette forteresse, vient prendre les ordres de son maître, et reçoit celui de coudre le connétable dans un sac et de le jeter dans la rivière, « Votre ordre est barbare, Monseigneur, répond Bavalan ; mais je dois vous obéir, c’est mon devoir. » Dès la pointe du jour, le duc impatient fait appeler l’officier pour savoir les suites de l’exécution de ses ordres. « Monseigneur,