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Page:Sade - Histoire secrète d’Isabelle de Bavière, reine de France, Pauvert, 1968.djvu/90

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ISABELLE DE BAVIÈRE


deux drageoirs, deux salières, six pots, six trempoirs de même métal et deux bassins d’argent. Deux hommes noircis et déguisés en mores portèrent la vaisselle, également présentée à la duchesse d’Orléans ; ces présents coûtèrent à la ville soixante mille couronnes d’or.

« Les Parisiens s’étaient flattés d’obtenir par ces témoignages de zèle quelques diminutions d’impôts ; mais leurs espérances s’évanouirent avec le départ de la cour. La gabelle fut augmentée ; une mutation de monnaie accrut leur mécontentement ; le cours des anciennes espèces fut interdit sous peine de la vie ; et comme ces changemens embrassaient jusqu’aux pièces de monnaie de la moindre valeur, appelées petits blancs, le peuple souffrit beaucoup et se plaignit encore davantage. »

À peine ces soins importants furent-ils remplis que le roi partit pour Avignon à dessein de voir le pape Urbain qui y siégeait pour lors. Envieux de voler de ses propres ailes, il ne voulut jamais permettre que ses oncles l’accompagnassent dans la tournée qu’il projetait en même temps dans ses provinces méridionales, de peur qu’ils ne nuisissent aux desseins qu’il avait conçus, et dont un des principaux était de vérifier quels pouvaient être en Languedoc les sujets de plaintes portées