toujours notre sexe, qui sait si quelque Cujas,
quelque Bartole, quelque Louis IX n’eussent pas
imaginé de faire contre ces sensibles et malheureuses
créatures des lois de fagots, comme ils
s’avisèrent d’en promulguer contre les hommes
qui, construits dans le même genre de singularité,
et par d’aussi bonnes raisons sans doute, ont cru
pouvoir se suffire entre eux, et se sont imaginé
que le mélange des sexes, très utile à la propagation,
pouvait très bien ne pas être de cette
même importance pour les plaisirs. À Dieu ne
plaise que nous ne prenions aucun parti là
dedans… n’est-ce pas, ma chère, continuait la
belle Augustine de Villeblanche en lançant à cette
amie des baisers qui paraissaient pourtant un tant
soit peu suspects, mais au lieu de fagots, au lieu
de mépris, au lieu de sarcasmes, toutes armes
parfaitement émoussées de nos jours, ne serait-il
pas infiniment plus simple, dans une action, si
totalement indifférente à la société, si égale à
Dieu, et peut-être plus utile qu’on ne croit à la
nature, que l’on laissât chacun agir à sa guise…
Que peut-on craindre de cette dépravation ?…
Aux yeux de tout être vraiment sage, il paraîtra
qu’elle peut en prévenir de plus grandes, mais
on ne me prouvera jamais qu’elle en puisse
entraîner de dangereuses… Eh juste ciel, a-t-on
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AUGUSTINE DE VILLEBLANCHE
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