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Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/132

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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


sors… Dieu me garde de vous gêner plus longtemps. — Non, restez, je vous l’ordonne, pourrez-vous prendre sur vous d’obéir une fois dans votre vie à une femme ? — Moi, dit Franville en s’asseyant par complaisance, il n’y a rien que je ne fasse, je vous l’ai dit, je suis honnête. — Savez-vous qu’il est affreux à votre âge d’avoir des goûts aussi pervers ? — Croyez-vous qu’il soit très décent au vôtre d’en avoir de si singuliers ? — Oh, c’est bien différent, nous, c’est retenue, c’est pudeur… c’est orgueil même si vous le voulez, c’est crainte de se livrer à un sexe qui ne nous séduit jamais que pour nous maîtriser… Cependant les sens parlent, et nous nous dédommageons entre nous ; parvenons-nous à nous bien cacher, il en résulte un vernis de sagesse qui en impose souvent, ainsi la nature est contente, la décence s’observe et les mœurs ne s’outragent point. — Voilà ce qu’on appelle de beaux et bons sophismes, en s’y prenant ainsi on justifierait tout ; et que dites-vous là que nous ne puissions de même alléguer en notre faveur ? — Pas du tout, avec des préjugés très différents vous ne devez pas avoir les mêmes frayeurs, votre triomphe est dans notre défaite… plus vous multipliez vos conquêtes, plus vous ajoutez à votre gloire, et vous ne pouvez vous refuser