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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ


Oh ! fiez-vous à moi, je veux les célébrer
Si bien… que de vingt ans ils n’osent se montrer.


C’était avec un regret mortel que le marquis d’Olincourt, colonel de dragons, plein d’esprit, de grâce et de vivacité, voyait passer Mlle de Téroze, sa belle-sœur, dans les bras d’un des plus épouvantables mortels qui eût encore existé sur la surface du globe ; cette charmante fille, âgée de dix-huit ans, fraîche comme Flore et faite comme les Grâces, aimée depuis quatre ans du jeune comte d’Elbène, colonel en second du régiment d’Olincourt, ne voyait pas non plus arriver sans frémir le fatal instant qui devait, en la réunissant au maussade époux qu’on lui destinait, la séparer pour jamais du seul homme qui fût digne d’elle, mais le moyen de résister ? Mlle de Téroze avait un père vieux, entêté, hypocondre et goutteux, un homme qui se figurait