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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


signal donné, la portion du lit occupée par notre robin se sépare du reste, et par le moyen de quelques poulies s’enlève à vingt pieds de terre, sans que l’état soporifique dans lequel se trouve notre législateur lui permette de s’apercevoir de rien. Cependant vers les trois heures du matin, réveillé par un peu de plénitude dans la vessie, se souvenant qu’il a vu près de lui une table contenant le vase nécessaire à le soulager, il tâte ; étonné d’abord de ne trouver que du vide autour de lui, il s’avance ; mais le lit qui n’est tenu que par des cordes, se conforme au mouvement de celui qui se penche et finit par y céder tellement que, faisant la bascule entière, il vomit au milieu de la chambre le poids dont il est surchargé : le président, tombe sur les matelas préparés et sa surprise est si grande qu’il se met à hurler comme un veau qu’on mène à la boucherie. — Eh, que diable est ceci, se dit-il, madame, madame, vous êtes là sans doute, eh bien, comprenez-vous quelque chose à cette chute, je me couche hier à quatre pieds du plancher, et voilà que pour avoir mon pot de chambre, je tombe de plus de vingt de haut. Mais personne ne répondant à ces tendres complaintes, le président qui dans le fond ne se trouvait pas très mal couché, renonce à ses