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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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recherches et finit là sa nuit, comme s’il eût été dans son grabat provençal. On avait eu soin, la chute faite, de redescendre légèrement le lit qui se radaptant à la partie dont il avait été séparé, ne paraissait plus former qu’une seule et même couche, et sur les neuf heures du matin, Mlle  de Téroze était doucement rentrée dans la chambre ; à peine y est-elle, qu’elle ouvre toutes les fenêtres et qu’elle sonne ses femmes. — En vérité, monsieur, dit-elle au président, votre société n’est pas douce, il en faut convenir, et je vais très sûrement me plaindre à ma famille des procédés que vous avez pour moi. — Qu’est ceci, dit le président dégrisé, en se frottant les yeux et ne comprenant rien à l’accident qui le fait trouver à terre. — Comment, ce que c’est, dit la jeune épouse en jouant l’humeur de son mieux, lorsque guidée par les mouvements qui doivent m’enchaîner à vous, je m’approche de votre personne cette nuit pour recevoir les assurances des mêmes sentiments de votre part, vous me repoussez avec fureur et vous me précipitez par terre… — Oh, juste ciel, dit le président, tenez, ma petite, je commence à comprendre quelque chose à l’aventure… je vous en fais mille excuses… cette nuit, pressé par un besoin, je cherchais par tous les moyens d’y satisfaire, et