prenant avec cette divinité du Ténare, lui demande
avec aigreur ce qu’elle a donc pu lui faire
pour en être aussi cruellement trompée. — Mais,
madame, n’est-ce point avec vous qu’hier… —
Moi, monsieur, honteuse, humiliée, je n’ai pas
à me reprocher du moins de vous avoir manqué
de soumission ; vous avez vu cette femme auprès
de moi, vous m’avez repoussée brutalement pour
la saisir, vous lui avez fait occuper ma place
dans le lit qui m’était destiné et je me suis retirée
confuse, n’ayant que mes larmes pour soulagement.
— Et dites-moi, mon ange, vous êtes bien
certaine de tous les faits que vous alléguez ici ?
— Le monstre, il veut encore m’insulter après
d’aussi violents outrages et des sarcasmes sont
ma récompense quand je m’attends à des consolations…
Accourez, accourez, ma sœur, que
toute ma famille vienne voir à quel indigne objet
je suis sacrifiée… la voilà… la voilà, cette rivale
odieuse, s’écria la jeune épouse frustrée de ses
droits en répandant un torrent de larmes, même
à mes yeux, il ose être dans ses bras. Ô mes amis,
continua Mlle de Téroze au désespoir en réunissant
tout le monde autour d’elle, secourez-moi,
prêtez-moi des armes contre ce parjure, était-ce
à cela que je devais m’attendre, l’adorant comme
je le faisais…
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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX