frères de ce gaillard-là, juger comme empoisonnées
quelques catins qui avaient la colique, il ne
faut pas s’étonner qu’une colique soit une affaire
sérieuse chez un magistrat provençal. Fontanis,
l’un des juges le plus acharné dans cette affaire
qui avait à jamais couvert de honte les magistrats
de Provence, était dans un état difficile à
peindre, il balbutiait, il trépignait, il écumait, il
ressemblait aux dogues d’un combat de taureaux
quand ils ne peuvent parvenir à mordre l’adversaire,
et d’Olincourt saisissant sa situation : Regardez-le,
regardez-le, mesdames, et dites-moi,
je vous prie, si vous trouveriez bien doux le sort
d’un malheureux gentilhomme qui, se reposant
sur son innocence et sa bonne foi, verrait aboyer
près de sa culotte quinze mâtins comme celui-là.
Le président allait se fâcher sérieusement, mais
le marquis qui ne voulait point encore d’éclat,
ayant prudemment gagné sa voiture, laissa Mlle de
Téroze mettre le baume sur les plaies qu’il venait
de faire. Elle eut beaucoup de peine à y réussir,
elle y parvint pourtant, le bac se retraversa sans
que le président eût envie de danser sous la
corde, et on arriva paisiblement au château. On
soupa et le docteur eut soin de rappeler à Fontanis
la nécessité d’observer son abstinence. —
Ma foi, la recommandation est inutile, dit le pré-
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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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