au départ : les dames qui s’étaient levées exprès,
revêtirent le président d’une vieille armure
qu’on avait trouvée dans le château, sa jeune
épouse posa le casque en lui souhaitant toute
sorte de prospérités, et le pressa de revenir
promptement recevoir de sa main les lauriers
qu’il allait cueillir ; il l’embrasse tendrement,
monte à cheval et suit le marquis. On avait eu
beau faire prévenir dans les environs de la mascarade
qui allait passer, l’efflanqué président
sous son accoutrement militaire parut si tellement
ridicule qu’il fut suivi d’un château à l’autre
avec des éclats de rire et des huées. Pour toute
consolation, le colonel qui ne quittait pas le plus
grand sérieux, s’approchait quelquefois de lui, et
lui disait : Vous le voyez, mon ami, ce monde-ci
n’est qu’une farce, tantôt acteur, tantôt public,
ou nous jugeons la scène, ou nous y paraissons.
— Soit, mais ici nous sommes sifflés, disait le
président. — Croyez-vous, répondait flegmatiquement
le marquis ? — N’en doutons pas,
répliquait Fontanis, et vous m’avouerez que cela
est dur. — Eh quoi, disait d’Olincourt, n’êtes-vous
donc point accoutumés à ces petits désastres,
et vous imaginez-vous qu’à chaque imbécillité
que vous faites sur vos bancs fleur-de-lisés, le
public ne vous siffle pas aussi ; naturellement
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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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