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Page:Sade - Historiettes contes et fabliaux, 1926.djvu/213

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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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il est important pour moi de ne pas débuter avec ma femme par une infidélité. — Oh, monsieur, vous la mettriez au désespoir, elle vous est si tendrement attachée. — Oui, crois-tu qu’elle m’aime un peu ? — Elle vous adore, monsieur, et ce serait un meurtre que de la tromper. — Cependant tu crois que de l’autre côté ?… — Vos affaires s’avanceront infailliblement si vous le voulez, il n’est question que d’agir. — Oh, mon cher La Brie, tu me combles d’aise, quel plaisir de mener deux affaires de front et de tromper deux femmes à la fois ! tromper, mon ami, tromper, quelle volupté pour un homme de robe !

En conséquence de ces encouragements, Fontanis se pare, s’ajuste, oublie les coups de fouet dont il est déchiré et tout en mijotant sa femme qui ne cesse de garder son lit, il dirige ses batteries sur la rusée Lucile qui l’écoutant d’abord avec pudeur, lui fait insensiblement plus beau jeu.

Il y avait environ quatre jours que ce petit manège durait sans qu’on eût l’air de s’en apercevoir, lorsqu’on reçut au château des avis des gazettes et des mercures, invitant tous les astronomes à observer la nuit suivante le passage de Vénus sous le signe du Capricorne. — Oh parbleu, l’événement est singulier, dit le président en connaisseur aussitôt qu’il eût lu cette nouvelle,