lequel elle est, des ganaches, des imbéciles…
pardon, président, moi, je vous dis ce qu’on
m’écrit, je vous ferai lire la lettre après dîner,
des faquins en un mot qui poussent le fanatisme
et le scandale jusqu’à laisser dans leur ville
comme une preuve de leur intégrité, un échafaud
toujours tout prêt, qui n’est qu’un monument
de leur plat rigorisme, dont le peuple
devrait arracher les pierres pour lapider les
insignes bourreaux qui osent avec cette insolence
lui présenter toujours des fers ; on s’étonne qu’il
ne l’ait pas encore fait, et l’on prétend que ça ne
peut tarder… une foule d’arrêts injustes, une
affectation de sévérité dont l’objet est de se faire
passer tous les crimes législatifs qu’il leur plaît
de commettre ; des choses bien plus sérieuses
enfin à réunir à tout ceci… ennemis décidés de
l’État, et cela dans tous les siècles, ose-t-on dire
ouvertement. L’horreur publique qu’inspirèrent
vos exécrations de Mérindol, n’est pas encore
éteinte dans les cœurs ; ne donnâtes-vous point
en ce temps le spectacle le plus horrible qu’il soit
possible de peindre, peut-on se figurer sans
frémir, les dépositaires de l’ordre, de la paix et
de l’équité, courant la province comme des frénétiques,
le flambeau d’une main, le poignard de
l’autre, brûlant, tuant, violant, massacrant tout
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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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