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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


ce qui se présente, comme une troupe de tigres enragés qui serait échappée des bois, appartient-il à des magistrats de se conduire de cette manière ? On rappelle aussi plusieurs circonstances où vous vous refusâtes opiniâtrément à secourir le roi dans ses besoins, vous fûtes différentes fois prêts à faire révolter la province plutôt que de vous laisser comprendre dans le rôle des impositions ; croyez-vous qu’on a oublié cette malheureuse époque, où sans qu’aucun danger vous menaçât, vous vîntes à la tête des citoyens de votre ville en apporter les clefs au connétable de Bourbon qui trahissait son roi, et celle où frémissant de la seule approche de Charles-Quint, vous vous pressâtes de lui rendre hommage et de le faire entrer dans vos murs, ne sait-on pas que ce fut au sein du parlement d’Aix que se fomentèrent les premières semences de la Ligue et qu’en tous les temps en un mot, on ne trouva dans vous que des factieux ou des rebelles, que des meurtriers ou des traîtres ? Vous le savez mieux que qui que ce soit, messieurs les magistrats provençaux, quand on a envie de perdre quelqu’un, on cherche tout ce qu’il a pu faire autrefois, on rappelle avec soin tous ses anciens torts pour aggraver la somme des nouveaux : ne vous étonnez donc pas qu’on se comporte avec vous,