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HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX


ce conseil, la honte, le chagrin à l’extérieur, et le comte d’Elbène au dedans, la retenaient toujours dans sa chambre dont la porte était exactement fermée au président ; il s’y était présenté plusieurs fois, il avait essayé de se la faire ouvrir par ses remords et par ses larmes, mais toujours infructueusement.

Le marquis partit donc, le trajet était court, il arriva le surlendemain, escorté de deux exempts et muni d’un prétendu ordre dont la simple vue fît trembler le président de tous ses membres. — Vous ne pouviez arriver plus à propos, dit la marquise qui feignit d’avoir reçu des nouvelles de Paris pendant que son mari était à la cour, le procès se suit à l’extraordinaire, et mes amis m’écrivent de faire évader le président au plus tôt ; mon père a été averti, il est au désespoir, il nous recommande de bien servir son ami, et de lui peindre la douleur où tout ceci le plonge… sa santé ne lui permet que de le secourir par des vœux, ils seraient plus sincères s’il avait été plus sage… voilà la lettre. Le marquis lut à la hâte, et après avoir harangué Fontanis qui avait bien de la peine à se résoudre à la prison, il le remit à ses deux gardes, qui n’étaient autres que deux maréchaux des logis de son régiment et l’exhorta à se consoler avec d’autant