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LE PRÉSIDENT MYSTIFIÉ
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Quelles funestes extrémités ! — J’en conviens, mais trouvez en d’autres, voulez-vous sortir de France et vous perdre à jamais, tandis que quelques années de prison arrangeront peut-être tout ceci ? Ce moyen qui vous révolte, d’ailleurs, ne l’avez-vous pas quelquefois employé vous et les vôtres, ne fut-ce pas en le conseillant avec barbarie que vous achevâtes d’écraser ce gentilhomme que les esprits ont si bien vengé, n’osâtes-vous pas, par une prévarication aussi dangereuse que punissable, mettre ce malheureux militaire entre la prison ou l’infamie et ne suspendre vos foudres méprisables qu’aux conditions qu’il serait écrasé par celles de son roi ? Rien d’étonnant par conséquent, mon cher, dans ce que je vous propose, non seulement cette voie est connue de vous, mais elle doit maintenant en être désirée. — Ô souvenirs affreux, dit le président en versant des larmes, qui m’eût dit que la vengeance du ciel éclaterait sur ma tête presque à l’instant où se consommaient mes crimes ! ce que j’ai fait, on me le rend, souffrons, souffrons et taisons-nous.

Cependant comme les secours pressaient, la marquise conseilla vivement à son mari de partir pour Fontainebleau où se trouvait alors la cour ; pour Mlle  de Téroze elle n’entra point dans